Et vous, comment faites-vous ?
Et vous, comment faites-vous ?
La guerre contamine tout. Elle est obsédante et obscène. Théâtre archaïque de la cruauté à son paroxysme. Les acteurs portent des masques. Beaucoup ne retrouveront plus jamais leurs visages. Je suis le spectateur de cette scène primitive jouée par l’humanité tant de fois. En scrutant ces actes je suis devenu prisonnier de ces images d’horreur absolu que sont celles de la guerre. C’est comme s’il s’agissait d’une forme de pornographie de la violence qui nous atteint jusqu’à l’os, nous sali et nous mine. Même à distance… !
Comme vous certainement, je ne suis pas dans un état normal depuis le 24 février. Après la sidération, la colère et l’empathie, s’est installé une sorte de tristesse sans nom. Pendant le massacre du peuple syrien j’avais ressenti quelque chose de similaire. Un mélange de honte, d’impuissance, de révolte qui avait laissé place à cette tristesse-là.
J’essaie de continuer ma vie sur ce petit coin de notre planète encore préservé et je souris à mes enfants, à ma femme, à mes amis et à mes voisins. Je sors mon chien matin et soir, je peins, je continue les gestes du quotidien mais aujourd’hui tout a un goût de cendre. Ce matin le jaune du forsythia que je peins est la couleur d’un printemps foutu.
Je ne suis pas croyant mais aujourd’hui je comprends ceux qui prient pour ceux qui souffrent.
Je me suis toujours cru pacifiste mais aujourd’hui je comprends ceux qui font le choix des armes.
Je sais ces lignes aussi vaines que les images postées ici, mais comment faites-vous pour ne pas étouffer de cette horreur ?
Me vient à l’esprit cette chanson « être né quelque part »…une petite musique qui résonne encore plus dans le vacarme d’une guerre que celui qui l’a initié refuse d’appeler par son nom.