« On a jamais essayé »

Ce dessin est inspiré d’une gravure des « Désastres de la guerre » de Goya. C’est ma contribution très modeste et certainement inutile, j’en conviens, à l’expression de stupeur qui a saisi beaucoup d’entre nous.

Cet « entre nous » est bien sûr aussi une partie du problème et une des nombreuses causes de la montée inexorable de l’extrême droite. Nous ne parlons plus qu’aux gens qui nous ressemblent dans une société de plus en plus polarisée où chacun est conforté dans ses convictions par sa bulle numérique. En 2017, on se disait que les américains étaient frappadingue d’élire Trump. Sa réélection devient de plus en plus probable. Non, ce n’était pas un accident et la montée de l’extrême droite en France et en Europe participe d’un mouvement de fond. Nos démocraties et leur libéralisme économique sont à bout de souffle. Après la chute du mur et l’illusion de la « mondialisation heureuse » nous avons laissé passer une opportunité historique pour construire un monde plus solidaire. C’est la volonté et le courage qui nous ont manqué. La partie semblait gagné pour l’Occident…mais nous nous sommes contenté de faire du commerce. Cette vague brune n’est que la suite logique d’une succession de manquements de nos sociétés libérales et elle arrive au pire des moments : Les ennemis du modèle démocratique occidental sont nombreux et avancent leurs pions mètre après mètre. Le plus proche, le plus pressé est certainement Poutine.

« On a jamais essayé »

Avez-vous déjà été tenté de donner les clés de votre maison aux complices du mec qui veut la détruire ?

Mais comment peut-on être si aveugle ?

J’habite depuis 17 ans dans un très joli village de l’Oise où le RN est devenu majoritaire. Comme dans la plupart des bleds il n’y a quasiment pas « d’étrangers basanés » à 10 km à la ronde. Quand on discute avec les gens le « On a jamais essayé » revient sans cesse. Le rejet des élites peut se comprendre aisément ( mais comment qualifier la clique familiale de Le Pen ? ), les difficultés matérielles sont bien réelles, la peur du déclassement social ainsi que la peur de l’autre alimenté par les médias deviennent angoisse identitaire. Les gens s’en foutent de Poutine, de l’Ukraine et du réchauffement climatique. Ce qu’ils veulent c’est continuer de rouler en 4×4 diesel, carburant qui redeviendra moins cher quand le RN aura baissé les taxes et qu’on aura fait la « paix » avec le tsar. Ils répètent tranquillement ce qu’ils entendent à longueur de journée : « grand remplacement », « soumission », « tous pourris », « on vous ment » etc.

C’est dingue, jusqu’ici je n’ai même pas évoqué le fond rance et racial du projet de la « préférence nationale ». Un « projet » de société basé sur les seuls liens du sang. Nous avons vu à quoi mènent tous les nationalismes…si,si, nous avons déjà essayé !

Grand soleil ce matin, voilà enfin l’été, l’Euro de foot, le tour de France, les JO, la plage…Vous vous rappelez cette chanson de Renaud : « Hexagone» ?

image : d’après Goya, « les désastres de la guerre », pastel sec sur papier, 50 x 65 cm